Une histoire de basketball

Édité pour la dernière fois
Oct 3, 2024 2:09 PM

Connais-tu un peu le basketball toi? Moi, pantoute.

Je m'y suis intéressé pour la première fois l'an passé, quand j'ai vu quelqu'un sur Reddit affirmer quelque chose d'intéressant. Selon cet utilisateur, le basketball serait devenu plate à mourir... et c'est la faute des maths. ☠️

Intrigant, non? Rapidement, en approfondissant le sujet, je suis tombée sur une comparaison entre 2 images : 

C
Carte des lancés au début des années 2000
C
Carte des lancés en 2023-2024

(OK, c'est moi qui ai demandé à Aimée d'ajouter la main... c'était tout ce que je voyais! 😂)

Je t'explique ce qui se passe sur ces images.

Au basket, on ne fait pas le même nombre de points selon où on se trouve quand on tire :

  1. Près du panier, ça vaut 2 points.
  2. Loin du panier, derrière la ligne en forme de D, ce sont 3 points.
  3. Entre les deux, ça vaut aussi 2 points... mais c'est plus difficile que près du panier. 

Des experts ont analysé les données d'une tonne de matchs... et ils ont conclu que, mathématiquement, il y a juste 2 endroits à partir d'où ça vaut la peine de tirer :

  1. Tout près du panier
  2. Ou derrière la ligne en D.

Tirer à partir de n'importe quel autre endroit sur le terrain n'est pas aussi payant, parce que c'est souvent aussi difficile que de tirer à 3 points... mais ça ne rapporte que 2 points.

Aujourd'hui, pratiquement tous les joueurs concentrent leurs tirs près du panier ou loin derrière la ligne à 3 points. Ils évitent complètement de tirer à partir des zones intermédiaires.

Pour les équipes, c'est la « meilleure chose à faire », parce que c'est le meilleur moyen de gagner...

Mais ça a aussi rendu les parties prévisibles (et donc plates), parce que tout le monde joue pareil. 🫠

Ce qui était au début une stratégie brillante — appliquer les maths au sport — est devenu un standard. Et cette standardisation du jeu est en train de tuer le plaisir qu'on peut prendre à regarder des gens jouer aux basket.

Notre obsession pour les données est en train de rendre notre monde prévisible et ennuyeux.

Faut pas chercher bien loin pour voir la tendance : regarde juste la quantité de sequels, de prequels et de spin offs qui sortent au cinéma!

Y a toujours un film Marvel ou un truc dans l'univers de Star Wars qui sort quelque part. Je ne sais même plus combien de fois ils ont rebooté Spiderman, on a en ce moment des spin offs du Seigneur des anneaux et de Game of Thrones à la télé en même temps et ils s'apprêtent à reprendre Harry Potter de zéro aussi. 😬

On dirait que les studios ne veulent plus prendre de risque avec de nouvelles histoires. Ils ont fait les maths, et les franchises connues rapportent beaucoup tout en garantissant le plus petit risque possible.

Mon copain — qui était un grand cinéphile dans une autre vie — m'a déjà dit que le pitch de base pour un film à Hollywood ressemble à : 

« C'est un mélange de [Film qui a bien marché] et [autre film qui a bien marché] sauf que [petit élément de différentiation]. »

Pourquoi changer? Pourquoi innover? Pourquoi inventer? 

Pourquoi créer quelque chose de nouveau quand les données peuvent prédire ce qui fonctionne.

Sur les réseaux sociaux, je traverse une véritable crise de sens.

Il me semble qu'il n'y a pas si longtemps, j'avais des conversations intéressantes avec les gens? J'apprenais, je découvrais.

Oui, j'étais diverti, mais aussi nourrie? 😅

Maintenant, tout ce que les réseaux veulent, c'est maximiser mon temps passé sur leur plateforme pour pouvoir vendre plus de publicité.

Tout comme les joueurs de basketball qui se concentrent uniquement sur les tirs les plus « rentables », les algorithmes des réseaux sociaux optimisent pour maximiser notre temps passé sur la plateforme, souvent au détriment de la diversité et de la pertinence véritable du contenu. Avec les algos à la TikTok, on ne peut même plus être intentionnel·les sur ce qu'on désire voir.

C'est exaspérant!

Plutôt que de nous montrer ce que créent les humains qu'on a choiside suivre, l'algorithme hyper puissant va trouver le truc abrutissant auquel on est étrangement addicts, pour nous garder captif·ves. 

(Moi, ce sont visiblement les monsieurs qui nettoient des tapis. Toi, ce sont peut-être les petits chats mignons. Ou le vieux monsieur français qui fait du fromage. You do you.)

Merde, dans certains cas, on utilise même des modèles statistiques (salut GPT!) pour écrire notre contenu à 100% à notre place. 

L'acte de créer en soi n'est même plus sacré, c'est devenu une formule mathématique.

Je ressens beaucoup de lassitude face à tout ça.

J'ai lu tous les articles sur l'emmerdification de l'internet et ça m'a fait mal, parce que c'est juste tellement vrai comme analyse. 

Ça m'a fait sentir, pendant un bon moment, complètement impuissant·e.

Et ça a clairement contribué à mon envie de quitter les réseaux sociaux. Chose que j'ai faite pendant un bon bout de temps.

Ces dernières semaines, j'étais en grosse réflexion.

Est-ce que je devrais retourner sur les réseaux sociaux plus activement? Si oui, de quelle façon? 

Est-ce qu'il y a moyen d'y être sans avoir l'impression de participer à ce phénomène d'appauvrissement intellectuel et humain? 

Sans sentir que je suis en train de gaspiller mon précieux jus créatif au profit des grosses plateformes?

J'ai pas toutes les réponses.

Mais quitter les réseaux sociaux pendant plusieurs mois m'a fait réaliser ce que j'aime réellement de ces plateformes : 

  • Savoir ce qui se passe dans la vie des gens que je suis
  • Suivre leurs projets, leurs réalisations
  • Et voir leurs chats. 

Consommer du contenu au hasard, en fonction de ce que l'algorithme juge le plus irrésistible pour mon cerveau, à mes yeux, c'est subir, pas découvrir.

C'est un dévoreur de temps auquel il est difficile d'échapper, surtout avec un cerveau TDAH comme le mien.

Quitter les réseaux sociaux m'a libéré de ça. J'ai pu recommencer à consommer du contenu de façon délibérée, choisie. 

Je me suis abonnée à des infolettres (dont certaines sont payantes) et à des podcasts (même chose). J'ai été plus présent dans des communautés à l'extérieur des réseaux sociaux traditionnels, où j'ai eu des conversations précieuses avec d'autres humains.

J'ai même recommencé à lire des blogues. DES BLOGUES!! 🤯

Le gros hic, c'est que je me sens déconnecté de mon univers entrepreneurial quand je ne peux pas suivre mes ami·es et collègues, même de loin.

Ma vie était plus fade quand j'ignorais que mon amie Gen s'était développé une nouvelle passion pour les bracelets d'amitié. Ou quand je passais à côté de la dernière réflexion philosophique de Tatiana sur Threads. Puis, imagine à quel point la vie serait triste si j'avais manqué la nouvelle minette de Carole-Anne?!

Faut donc que je trouve un équilibre.

Le basket serait sûrement plus intéressant si les joueurs ne jouaient pas tous pareil, en fonction de ce qui est statistiquement optimal.

Je me dis que ça doit être pareil avec le contenu que je crée et que je consomme? 

Si j'arrive à me détacher quand je crée de ce qu'il « faut » faire pour plaire aux algos, je vais avoir plus de fun.

Et si je trouve des trucs pour consommer les contenus des personnes qui m'intéressent sans laisser les algos me manipuler, je vais pouvoir découvrir, explorer et apprendre pour vrai.

Mon mot-clef pour 2025? Intentionnel·le.

J'ai pris la décision de revenir sur LinkedIn et Instagram, mais à mes conditions.

Ça implique plusieurs micro décisions comme :

Consommer principalement des stories sur Instagram (donc si tu ne partages pas ton post dans tes stories, je ne le verrai jamais).

C'est le truc qui me manque de ce réseau quand je n'y suis pas. Alors je m'autorise à visiter les stories une couple de fois par jour, pendant quelques minutes. 

Créer des carrousels cool, sans flaflas, à partir de mes contenus déjà existants. Juste parce que c'est facile avec ce que Manon Verbeke m'a appris mwahaha. Je pense que le ratio efforts/résultats va rester bon, même si la portée est rendue déplorable sur les RS.

Publier des textes courts sur Threads et LinkedIn, mais sans me casser la tête avec des questions de stratégies.

Ce qui me manque le plus de publier sur les réseaux sociaux? La pratique.

Quand je publie des textes courts sur ces plateformes, j'écris plus souvent, tout simplement. Et c'est bon pour moi d'écrire tous les jours, parce qu'écrire c'est penser.

En m'autorisant à écrire une couple de publications par semaine, quand ça me chante, sans que ce soit nécessairement stratégique ou réfléchi, j'espère écrire plus. Tout simplement.

Je vais donc me câlicer complètement de mes likes, de ma portée et de tout le reste. 

Anyway, quand je crée sur ces plateformes, je fais du travail bénévole pour Microsoft et Meta. Je vais pas commencer à m'en faire avec mes résultats en plus!

Finalement, ce que je veux, c'est que les réseaux sociaux existent en périphérie de ma création de contenu principale. 

Je n'ai pas envie qu'ils redeviennent une préoccupation majeure pour moi. Ou un point central de ma création de contenu.

Est-ce que je vais faire acte de présence? Oui.

Est-ce que je vais m'en faire avec mes résultats? Nope.

Mon énergie, je vais la mettre dans des contenus longs comme : 

  • Mon infolettre
  • Des articles sur ce blogue ou sur Les mots pour vendre, inspirés des textes que je publie dans ladite infolettre
  • Mon podcast privé payant (Joyeux chaos)
  • Et les webinaires.

Ce sont les formats qui m'apportent le plus de résultats.

La supériorité des contenus courts est un mythe.

J'ai un peu le sentiment qu'on essaye de m'enfoncer les contenus courts dans la gorge à coups de statistiques impressionnantes, en me répétant que c'est ce que les gens préfèrent, ce qu'ils consomment le plus, etc.

Sauf que ce que personne ne semble dire, c'est que si les contenus courts sont bons pour divertir, ils restent pas mal moins efficaces pour convertir. 👀

Surtout quand tu t'adresses, comme moi, à des humains intelligents et curieux, qui aiment aller plus profond/plus loin. 

J'ai décidé de lâcher prise sur les gens qui ont envie de consommer juste des trucs courts qui demandent zéro effort ou concentration.

Si des verbes comme penser, réfléchir, refaire, itérer, transformer, approfondir, explorer ou déconstruire ne te font pas peur : c'est pour toi que je veux créer du contenu.

(Bon. C'est un bonus si tu aimes aussi les dinosaures, les blagues douteuses et les grues, bien sûr. 🏗️)

C'est quand je crée du contenu pour les gens comme toi que j'ai du fun. ✨